La population sénégalaise est caractérisée par sa jeunesse (SES 2016). Celle-ci s’inscrit dans un contexte d’exode rurale important. Mais aussi dans une dépendance croissante des imports extérieurs afin de répondre aux besoins alimentaires d’une population urbaine grandissante. Et auxquels l’agriculture sénégalaise n’est actuellement pas en mesure de répondre (FAO 2008).
Malgré l’introduction de stratégies visant à revigorer l’agriculture du pays, celle-ci est de plus en plus confrontée aux changements environnementaux.
On observe en effet (FAO 2008):
Et pour répondre à ces changements, au dépouillement social des compagnes, ainsi qu’aux nécessités alimentaires de la population de manière indépendante, il est essentiel de développer des solutions agricoles qui diffèrent des pratiques actuelles.
Le développement de la région est limité en raison de son enclavement, la forte pression sur les ressources naturelles et une offre de formation professionnelle relativement limitée.
Plus de 80% de la population régionale vit d’une agriculture traditionnelle qui peine à assurer sa sécurité alimentaire et un revenu suffisant, ce qui explique un exode rural important.
La majorité sont des petits paysans associés à une situation alimentaire précaire, sans accès à des soutiens de l’ État. De plus, le coût de l’alimentation reste élevé et s’accentue continuellement. La recherche de rendement a poussé les exploitants agricoles à raccourcir le temps de jachère, additionnant un cycle de culture pendant la saison sèche. Ceci s’allie à un usage machinal d’intrants (semences améliorées, engrais minéraux et pesticides) et est aggravé par la pratique courante de la monoculture. À ces pratiques s’ajoutent une déforestation intensive.
Notre ferme pilote a pour but d’établir des modèles concrets de pratiques agro-écologiques aussi bien en termes de cultures, d’infrastructures, que commerciales afin qu’ils servent d’exemples auprès des acteurs locaux qui viennent se former dans notre éco-village.
La permaculture faisait autrefois référence à une manière de cultiver la terre (« Agriculture permanente ») qui minimise l’impact sur la nature et maximises les bénéfices pour l’humain, tout en étant économiquement viable et durable.
Aujourd’hui, ce terme possède plusieurs définitions, il est à la fois considéré comme une philosophie, un mode de vie, ou un ensemble de méthodes qui s’appliquent à tous les domaines d’activité humaine. Celles-ci visent à créer un modèle pérenne
L’un des principes centraux de la permaculture est une mise à profit des écosystèmes naturels par leur observation détaillée. De ces observations il s’agit de dégager les fonctionnements locaux des écosystèmes afin de les valoriser en adaptant les modes de production et l’activité humaine à ceux-ci.
Ce processus dépend d’un aménagement précis du territoire et d’un travail de reconversion et de monitorage des déchets produits par l’exploitation.
A cet effet, les intrants chimiques sont remplacés par des moyens de contrôle naturels. Pour protéger la pedofaune, et ne pas oxyder le complexe argile-humique dont dépend la fertilité des sols, il s’agit de pratiquer presque systématiquement le non-labour. De même qu’il s’agit de réhabiliter les haies afin de garantir la biodiversité et la maitrise de l’érosion éolienne.
Parmi les modèles de pratiques agricoles attenants à la permaculture nous mettons en pratique au sein de notre ferme pilote trois de ceux-ci.
On parle de polyculture afin de désigner une pratique agricole qui inclut la culture de multiples espèces végétales au sein de son exploitation, tout en association à celle-ci l’élevage. Cette pratique est avantageuse car elle permet un excellent contrôle des ravageurs, des maladies et des plantes adventices sans l’intervention intrants chimiques.
Ce système de culture a pour but, comme sont nom l’indique, de cultiver plusieurs espèces végétales sur une même parcelle en même temps dans une optique allélopathique. En d’autres mots, il s’agit de cultiver simultanément deux ou plus variétés afin qu’elles bénéficient mutuellement de leurs bienfaits : fertilisation, action répulsive, etc.
En agro-foresterie il s’agit d’exploiter les terres agricoles en association des arbres et des cultures ou de l’élevage. Parmi les nombreux avantages que présente cette pratique agricole on retrouve notamment :
Le Moringa est doté d’une croissance rapide, d’une très bonne résistance à la sècheresse, et permet plusieurs récoltes au cours de l’année.
Le Moringa est reconnu pour son fort potentiel nutritionnel, en anti-oxydants et en acides aminés.
Le Moringa offre une multitude d’opportunités de transformation et de commercialisation.
Le centre de transformation est destiné à la valorisation du Moringa ainsi que des autres autres arbres utiles de notre exploitation.
Ce bâtiment regroupe les espaces nécessaires au triage, lavage séchage et à la réduction en poudre des feuilles de Moringa. Il sera par ailleurs doté d’un séchoir solaire qui nous permettra de sécher les piments, les mangues et les bananes que nous produirons.
Il s’agit d’établir un centre de transformation qui passe par des processus précis afin de pouvoir, à terme, obtenir des labels de qualité.
Un lieu de 78 mètres carrés qui nous permettra de faire se rencontrer les acteurs locaux ou en résidence sur notre exploitation, nos experts et les intervenants extérieurs afin de développer et promouvoir ensemble des solutions agricoles alternatives et durables.
Ce bâtiment sera principalement le lieu de stockage des différentes graines aussi bien employée par notre ferme pilote, mais également par les acteurs locaux en formations au sein de nos espaces entrepreneurs.
Nos infrastructures fonctionnent uniquement aux énergies renouvelables.
Le pompage de l’eau de notre forage de 30 mètre se fait à l’aide de deux panneaux photovoltaïques de 265W qui actionnent notre pompe Lorentz immergée de 1,6m3. Les panneaux solaires dans ce cas remplace générateur habituellement utilisée, et assure l’autonomie et la pérennité du projet.
Notre centre de formation est reliée à une installation solaire de 2 panneaux photovoltaïques de 145W, avec une batterie de 12V 220AH, et un onduleur de 12V-220V 1200W. Grâce à cette installation nous fournissons les bâtiments en lumière et connexion internet, dans un lieu reculé, indépendamment d’une grille électrique onéreuse.
Nous avons construit un poulailler de 40m2, qui sera doté d’une installation solaire afin d’alimenter la couveuse ainsi que pour la poussinière. Usuellement ces infrastructure sont alimentée au gaz qui contrairement aux panneaux solaires est peu écologiques et couteux.
Notre prochain objectif est de rendre fonctionnelle l’unité de transformation, avec un kit solaire autoconsommation de 6kVA avec stockage, et nous permettra d’être 100% autonome en énergie.
Afin d’assurer la cohérence de notre démarche en matière de réduction de l’empreinte écologique de nos infrastructures, nous nous engageons à recycler les panneaux solaires une fois que ceux-ci arrivent en fin de vie.
Il s’agit de mettre à disposition de jeunes femmes et hommes qui n’ont pas la possibilité d’avoir accès à des terres une portion de terres arables afin qu’ils puissent développer leur activité agricole indépendante.
Grace à celles-ci nous souhaitons habiliter les jeunes casamançais, d’une part, à mettre en pratique les théories et les pratiques agricoles développées au sein de notre Ferme Pilote. Et d’autre part, de leur permettre d’atteindre une première étape dans leur autosuffisance alimentaire et financière.
En effet, les bénéfices de la production des jeunes entrepreneurs leur reviennent entièrement. Il s’agit de cette manière, à la fin de leur formation de leur permettre de s’installer en tant que paysans à part entière sur des terres qui leurs appartiennent. Par ailleurs de leurs donner la possibilité de rejoindre la coopérative de notre Ferme Pilote afin qu’il bénéficient d’une certaine stabilité financière, mais également d’intrants de qualité, notamment en matière de semences.